L’entrepreneuriat a toujours été une aventure, mais dans un contexte économique sous haute tension, il faut impérativement un filet de sécurité. Et ce filet, c’est la franchise ou le commerce coopératif et associé, deux modèles qui permettent d’ouvrir un commerce avec l’appui d’un réseau. Et si certains secteurs souffrent, d’autres explosent littéralement ! Preuve de leur solidité : en 2024, la franchise a généré 88,64 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en légère hausse (+0,3 %). Malgré une conjoncture économique incertaine, ces modèles affichent une belle résilience et continuent d’attirer de nouveaux candidats, portés par la force de marques établies et un cadre structurant. Décryptage !
La franchise, un mastodonte qui résiste malgré des secousses
Avec 2 089 enseignes recensées, le modèle de la franchise tient bon, malgré un contexte compliqué. Certes, il y a eu quelques dégâts collatéraux, notamment le nombre total de points de vente, qui a reculé de 1 293 unités, pour s’établir à 90 588. La faute, principalement, à la descente aux enfers du secteur de l’équipement de la personne. Minelli, Naf Naf, Pimkie, San Marina… Des enseignes en chute libre, victimes du e-commerce et des arbitrages budgétaires des ménages.
« On constate de nombreuses disparitions dans le textile, qui est un secteur historiquement surreprésenté. C’est une correction de marché », explique Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la Fédération française de la franchise (FFF). Autrement dit, ce n’est pas un crash, mais une redistribution des cartes. A l’inverse, certains secteurs carburent à plein régime. C’est notamment le cas de la restauration rapide et des services à la personne, qui continuent leur belle ascension, avec 40 et 17 nouvelles enseignes respectivement. Plus surprenant encore, le service automobile (+14,4 %) et l’aménagement extérieur (+30,8 %) comme Daniel Moquet explosent positivement et recrutent à tour de bras. Il faut dire que l’électrique booste l’entretien et la réparation, et que le besoin d’espace et de verdure après le Covid pousse de nombreux ménages à investir dans des pergolas, piscines et jardins.
Le commerce coopératif et associé : la force tranquille
Si la franchise est souvent sur le devant de la scène, le commerce coopératif et associé n’a pas à rougir. Ce modèle horizontal, où les entrepreneurs sont à la fois indépendants et actionnaires du réseau, affiche une croissance spectaculaire. En 2023, son chiffre d’affaires a atteint 200 milliards d’euros, soit une progression de 13,5 % en un an. Comment expliquer une telle dynamique ? Par des rachats stratégiques et une capacité d’adaptation redoutable. Les Mousquetaires ont racheté Casino, Joué Club a absorbé La Grande Récré, Intersport a mis la main sur Go Sport… Dans le commerce associé, on ne subit pas la crise, on l’anticipe.
Un autre secteur qui se regroupe pour survivre : la santé. Pharmaciens et libéraux s’unissent pour résister à la financiarisation de leur métier. « Les pharmaciens et les libéraux se regroupent pour s’équiper et faire face aux tentatives de financiarisation du secteur », souligne Olivier Urrutia, délégué général de la Fédération du commerce associé (FCA). Des réseaux comme Ospharm permettent ainsi aux professionnels de mutualiser leurs ressources et de garder le contrôle de leurs données.
Des opportunités pour les entrepreneurs
Malgré un contexte en dents de scie, franchise et commerce coopératif restent des tremplins formidables pour qui veut se lancer en affaires. La franchise, en particulier, offre un cadre sécurisé. En échange d’un droit d’entrée et de redevances, le franchisé bénéficie de la notoriété et du savoir-faire d’une marque établie. Notez toutefois que les investissements de départ varient selon les secteurs. Comptez entre 5 000 euros pour les services et 350 000 euros (voire plus) pour l’hôtellerie ou la grande distribution. Pour les budgets plus serrés, la location-gérance est une alternative de plus en plus prisée. Par exemple, une franchise Carrefour Contact coûte 80 000 euros, contre 7 500 euros en location-gérance. Un ticket d’entrée bien plus abordable pour tester un concept avant d’investir lourdement.
La pluri-franchise est également en plein boom, avec de plus en plus d’entrepreneurs qui diversifient leurs activités pour mieux répartir les risques. Comme l’explique Véronique Discours-Buhot : « De plus en plus d’entrepreneurs sont pluri-franchisés. Ils font par exemple du burger et de la coiffure. Le but est de mieux gérer les risques ou de rester dans la même région sans se cannibaliser. » Autre indicateur fort : 80 % des premiers contrats de franchise sont renouvelés. Une preuve que le modèle tient ses promesses et que une fois lancé, difficile de faire marche arrière.
Quid du modèle coopératif ?
Là où la franchise repose sur un schéma vertical avec un franchiseur et des franchisés, le commerce coopératif et associé mise sur un fonctionnement horizontal. Pas de redevances, pas de contrôle centralisé, mais une implication directe dans les décisions stratégiques du réseau. Plutôt que de payer un droit d’entrée, les entrepreneurs achètent des parts sociales, généralement comprises entre 800 et 4 000 euros. Une somme bien inférieure aux frais d’accès d’une franchise classique, mais qui permet de bénéficier de la force d’un réseau sans perdre en autonomie.
Là encore, les investissements varient selon les secteurs, allant de moins de 100 000 euros à plusieurs centaines de milliers pour la grande distribution. Et pour assurer la pérennité des commerces, certaines coopératives rachètent temporairement des établissements en attendant de trouver un repreneur. C’est le cas de Synalia, qui regroupe des enseignes comme Julien d’Orcel et Montres and Co. Une approche pragmatique qui évite de voir disparaître des points de vente stratégiques.
Franchise ou commerce coopératif ? Deux voies différentes, un même objectif
Qu’on opte pour la franchise ou le commerce coopératif, l’important est de choisir le modèle qui correspond le mieux à son ambition et à ses moyens. Si certains secteurs souffrent, d’autres affichent une santé insolente, et les opportunités sont bien réelles</strong
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